Article
paru à sa disparition
Valence.
La mort de Paul-Jacques Bonzon va toucher des millions de jeunes et d'enfants à travers le
monde. Il était leur écrivain, celui qui avait compris leurs goûts, et qui était devenu leur complice à travers une centaine de romans. Depuis plus de trente ans ( c'est à dire que ses premiers lecteurs sont aujourd'hui des hommes), il a enchanté des générations d'écoliers par ces récits d'aventure clairs, purs et passionnants. Son oeuvre a été traduite dans un grand nombre de pays, y compris le
Japon, et partout elle a connu un et connaît encore, un étonnant succès.
Originaire de Ste-Marie-du-Mont dans la manche, il était doué pour la peinture et la musique, mais son père avait voulu qu'il soit instituteur. Et c'est comme tel qu'il arriva un jours dans le
vercors, puis, plus tard, à l'école de la rue Berthelot à Valence, et qu'il commença à écrire des histoires qu'il lisait à ses élèves, guettant leurs réactions, et s'inspirant souvent de leurs remarques..
Ses héros les plus populaires sont les Six compagnons qu'il entraîna dans des aventures lointaines ou proches, à Valence, à l'Aven
Marzal, à la Croix-Rousse, à Marcoules, et qui tiennent aujourd'hui un bon rayon dans la bibliothèque verte. Pour la bibliothèque rose, il mit en scène la famille H. L. M., et écrivit beaucoup d'autres récits comme Mon Vercors en feu, et d'autres fictions tel
l' Eventail de Séville qui fut adapté pour la télévision.
Paul-Jacques Bonzon avait reçu en France le grand prix du Salon de l'Enfance, puis, à
New-York, le prix du Printemps qui couronne le meilleur livre pour enfants paru aux
Etats-Unis.
Il avait abandonné l'enseignement assez tôt pour se consacrer à son oeuvre, entouré de son épouse et de ses deux enfants, une fille et un garçon, aujourd'hui mariés. Il travaillait le plus souvent directement à la machine dans sa tranquille demeure de la rue Louis-Barthou, prolongée par un charmant petit jardin.
C'est là qu'il inventait ses belle histoires, et lorsqu'il avait achevé un chapitre il prenait sa pipe et venait faire un tour en ville de son pas glissé, calme et amical.
Paul-Jacques Bonzon était naturellement membre de l'académie drômoises, vice-président de
Culture et Bibliothèques pour tous. Il était devenu un authentique Dauphinois très attaché à sa province d'adoption. Sa gloire littéraire, qui est mondiale parmi les jeunes, n'avait en rien altéré sa simplicité ni sa bienveillance : et il disparaît comme il a vécu, dicrètement.
Pierre Vallier
Éléments
biographiques
Paul-Jacques Bonzon est né le
31 aout 1908 à Sainte-Marie-Du-Mont, Manche, en Normandie.
Elève de l'école normale d'instituteur de Saint-lo, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans.
Marié, père de deux enfants : Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants.
Il appartenait à l'"Académie Drômoise", association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".
Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquelles il trouvait la documentation
qu'il cherchait.
Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu.
A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur "Loutzi-chien" fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront.
Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-Jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même.
C'est aussi cette connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six
compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), Ali-Baba-Bikini (La maison au mille bonheurs), l'Ane (série des
"Pompon").
Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une soeur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste, tous, et en particulier, ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire
connaître la France ou les pays étrangers (Sénégal, Laponie, Japon, Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Angleterre).
La documentation est toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, La princesse sans nom, Le jongleur à l'étoile).
Extrait du manuscrit " le viking au bracelet d'argent "
Écrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-Jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire.
Il a écrit en collaboration avec Monsieur Pedoja , inspecteur départemental de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques".
Chacun écrivait un chapitre et le communiquait.
Il disparait le 24 septembre 1978 à Valence,
Drôme.
Voici quelques informations supplémentaires,
tirées de l'ouvrage de :
Marc Soriano
Éditions Delagrave 2002
WWW.Delagrave-edition.fr
L'auteur, Marc Soriano,
nous apprend que Paul-Jacques Bonzon, né dans une famille aisée, fils
unique, père autoritaire, a eu une enfance difficile.
Paul-Jacques Bonzon, en écrivant pour les enfants, se réinvente une
enfance.
Il écrit des aventures sentimentales qui sont des quêtes : une soeur, une
famille normale...
(Du gui pour Christmas, La promesse de Primerose).
Cela plait particulièrement aux fille, confie Paul-Jacques Bonzon.
Il avoue aussi que s'il ne tenait qu'à lui, les ouvrages finiraient mal !
Ce qui plait plus aux filles qu'aux garçons. Un seul titre finit mal :
"L'éventail de Séville". Encore l'adaptation télévisée
adoucit-elle la fin. Et des pays étrangers, pour la traduction dans leur
langue, demandent "une fin heureuse".
Les six compagnons se vendent à 450000 par an en moyenne. L'auteur dit
qu'on lui a reproché de "s'être laissé aller" à des séries,
comme si c'était une déchéance pour l'auteur et un mal pour le lecteur.
Paul-Jacques Bonzon reprend :
"Il est important d'encourager la lecture à une époque ou elle est
concurrencées par toutes sorte d'autres sollicitations".
Bonzon avoue aussi son penchant pour les milieux modestes, qui, dit-il
plaisent aux enfants. Il comprend, avec le temps, pourquoi sa série des Six
compagnons a plus de succès que sa série "La famille HLM" : Il y
a un chien !
Les ouvrages de Bonzon sont traduits dans 16 pays.
Serge
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